On peut plus rien dire : en 2005, le titre de la chanson de Didier Bourdon, qui, avec les Inconnus, avait quinze ans auparavant donné de salvateurs coups de pied dans la fourmilière du politiquement correct, avait sonné comme une évidence. Depuis, les choses ne se sont pas améliorées. La liberté de parole semble se rétrécir comme une peau de chagrin, soit en raison d’une pénalisation du débat, soit parce que la parole libre, comme nous l’explique Jean-François Kahn, devient scandaleuse à force d’avoir perdu l’habitude de l’entendre, soit parce que les clercs de l’idéologie dominante, comme l’expérimente quotidiennement Éric Zemmour, manient avec un talent consommé l’art de l’intimidation morale.Du coup, soit on pense comme tout le monde parce qu’on a oublié qu’il est possible de penser autrement, soit on se cache, par crainte du ridicule ou par peur. (…)
L’affaire Vanneste, ou l’art de transformer une opinion en délit. En décembre 2004, un amendement à la loi instituant la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) visait à renforcer la protection des homosexuels. Refusant de voter ce texte qui risquait d’assimiler toute critique d’un comportement homosexuel à de l’“homophobie”, le député CNI Christian Vanneste déclarait en janvier 2005 que l’homosexualité est un comportement « moralement inférieur » (terme qu’il regrettera par la suite) à l’hétérosexualité parce que ne contribuant pas à la survie de l’espèce humaine. Attaqué par diverses associations homosexuelles, et devenu une sorte d’incarnation médiatique de l’intolérance rétrograde, il est condamné en première et deuxième instance pour “injures en raison de l’orientation sexuelle”. Condamnation annulée en novembre 2008 par la cour de Cassation, qui estime que ses propos n’ont pas dépassé « les limites de la liberté d’expression ». Sur le site Mediapart, Robert Ménard et Pierre Veilletet dénoncent le « néo-pharisaïsme » des bonnes consciences qui « se seraient mieux accommodées d’un recul de la liberté d’expression que du soupçon d’avoir manqué à la cause anti-homophobe ». Déplorant ce jugement, Jacques Lizé, président de SOS Homophobie, une des associations plaignantes, a d’ailleurs déclaré qu’il ne va pas « dans le sens de l’Histoire ». Christian Vanneste continue à mettre en garde contre le terme “homophobie”, dont le flou artistique laisse la porte ouverte à toutes les censures.
♦ Très intéressant article de Valeurs Actuelles, 2 janvier 2009, sur les nouvelles censures http://www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=3874